France / Parcoursup: la Cour des comptes demande plus de transparence sur la sélection des bacheliers
La demande d’anonymisation des lycées d’origine dans les dossiers parcoursup refait surface parmi les recommandations de la Cour des comptes. Quelque 700.000 lycéens de terminale sont concernés par Parcoursup, le site internet qui permet aux élèves de terminale de formuler leurs vœux dans l’enseignement supérieur. Ce jeudi 27 février, la Cour des comptes a présenté à l’Assemblée nationale un «bilan d’étape» sur cette plateforme qui avait succédé à Admission post bac en janvier 2018. Quinze recommandations qui concernent à la fois l’orientation des lycéens, l’affectation des candidats sur Parcoursup et les moyens alloués. Parmi les 15 recommandations qui pourraient être appliquées à la rentrée 2022, en voici sept qui pourraient concerner directement les lycéens. Les sept principales recommandations de la Cour des comptes: 1. Les professeurs chargés de l’orientation devraient avoir des heures de service consacrées à l’orientation, en échange d’une augmentation. 2. Inscrire dans l’emploi du temps des élèves les 54 heures annuelles consacrées à l’orientation. 3. Améliorer la formation des enseignants à l’orientation. 4. Mieux sécuriser le site internet Parcoursup. 5. Sur Parcoursup, anonymiser le lycée d’origine du candidat et lui substituer une mesure de l’écart entre les résultats au bac et la notation au contrôle continu. 6. Rendre publics les «algorithmes locaux» utilisés par les commissions d’examen des vœux pour l’ensemble des formations proposées. 7. Proposer un outil d’aide à l’orientation permettant d’analyser les classements des formations, pour que les élèves puissent sélectionner leurs formations en connaissance de cause. Les points qui risquent de provoquer un débat Certaines de ces recommandations risquent de rouvrir le débat, notamment le point concernant l’anonymisation des lycées. En octobre 2018, cette idée avait déjà été le sujet de nombreuses discussions. La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait déclaré: «Si des jeunes pensent encore qu’ils peuvent être discriminés pour accéder à l’enseignement supérieur, il faut anonymiser les dossiers». Mais cette époque, l’idée de cacher le lycée origine du candidat ainsi que son sexe avaient été abandonnée sous la pression notamment des proviseurs et des professeurs des classes préparatoires. En effet, l’Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires (APLCPGE) était montée au créneau dans une tribune publiée en février 2019. «Si nous voulons promouvoir la mobilité sociale et géographique, il faut qu’on sache d’où vient l’élève», avait indiqué fermement au Figaro Jean Bastianelli, président de l’APLCPGE. Pas sûr que comme le recommande la Cour, le fait de remplacer le nom du lycée par l’écart entre la note du bac et la note du contrôle continu réconcilie les deux partis. La transparence totale n’est pas si simple à réaliser Autre point qui risque d’être complexe à mettre en place: la publication des algorithmes locaux utilisés par l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur pour sélectionner les candidats sur le site Parcoursup. Une décision qui va dans le sens de ce que réclame l’Unef. «En plus d’empêcher chaque année des milliers d’étudiants d’accéder à la filière de leur choix, cette procédure est totalement opaque puisque les paramètres de ces “algorithmes locaux” ainsi que les critères de sélection ne sont pas publics», indique le syndicat étudiant dans un communiqué envoyé hier aux rédactions. Mais la transparence totale n’est pas si simple à réaliser tant les établissements d’enseignement supérieur sont nombreux (plus de 10 000) et ont un mode de recrutement différent. La Conférence des présidents d’université se dit quant à elle très satisfaite des avancées de Parcoursup par rapport à APB, notamment l’abandon du principe de classement des vœux. «La CPU se félicite des avancées majeures, en à peine 10 ans, de l’orientation, de l’admission et de l’accueil des nouveaux étudiants, et ne regrette ni les files d’attente devant les établissements d’enseignement supérieur, où le premier arrivé était le premier inscrit, ni le tirage au sort d’APB», écrit-elle dans un communiqué.