Education/France:Pour éviter la triche, l’université de Rennes instaure la télésurveillance
Les étudiants seront pris en photo de façon à vérifier leur identité et qu’une tierce personne ne les aide pas durant l’épreuve. «Souriez, vous êtes photographiés». Alors que les examens de fin d’année doivent se dérouler à distance en raison de l’épidémie de coronavirus, l’université de Rennes 1 prévoit de télé surveiller certains de ses étudiants, de façon à éviter la triche. «Nous recherchions un dispositif efficace. La Direction générale de l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle (DGESIP) nous a proposé une liste de prestataires, et nous avons choisi Managexam», indique Erwan Hallot, vice-président en charge de la formation à l’université Rennes 1. Pendant que les étudiants planchent sur leur sujet sur la plateforme Moodle, habituellement utilisée par l’université rennaise, Managexam a accès à la webcam de chaque ordinateur. L’objectif: vérifier l’identité de l’étudiant et s’assurer qu’une tierce personne ne prend pas sa place ou ne l’aide pas pendant son examen. Mais les élèves ne sont pas filmés en continu. «Des photos sont prises de façon aléatoire, à intervalles irréguliers. L’intelligence artificielle de la plateforme compare ensuite deux photos successives et détecte la présence d’une deuxième personne près de l’étudiant ou si l’environnement dans lequel il se trouve évolue», précise Erwan Hallot. Si cela est le cas, une alerte est alors envoyée à l’université après l’épreuve. Un dispositif utilisé au moins pour cinq épreuves Tous les étudiants de l’université de Rennes 1 ne passeront par leurs partiels sous télésurveillance. «Pour l’heure, nous allons utiliser ce système pour cinq épreuves, concernant une centaine d’étudiants sur 30.000. Seul l’Institut de gestion de Rennes (IGR) nous a demandé de s’en servir», explique Erwan Hallot. D’autres disciplines pourraient demander à avoir recours à ce service. Elles ont jusqu’au 15 mai pour présenter leur calendrier d’épreuves et les modalités, et donc demander à l’université à user de ce dispositif. Ce pourrait être le cas de la faculté de droit, pour quelques épreuves. «Les étudiants en droit ont été les premiers à vouloir mettre en place ce type de système de surveillance pour conserver une qualité d’examen», note le vice-président en charge de la formation. Si Managexam permet aussi de vérifier qu’un étudiant ne change pas de fenêtre ou de site durant une épreuve, l’université de Rennes 1 a choisi de ne pas prendre cette option et a contracté l’offre standart de la plateforme. «Nous avons eu une offre puisque nous sommes membres de la Fédération interuniversitaire de l’enseignement à distance (FIED). Ce service nous revient à 1 euro, par étudiant, par épreuve», indique Erwan Hallot. Un dispositif qui ne rassure pas certains étudiants La mise en place de ce dispositif ne plaît toutefois pas à tous les étudiants. Pour Maelig, militante auprès du syndicat Solidaires à Rennes 1, il s’agit d’un système «intrusif». «Nous sommes contre la télésurveillance car nous estimons qu’elle n’est pas utile. Les photos sont prises à partir de nos propres ordinateurs, par une entreprise privée. Rien ne nous garantit que nous sommes protégés», explique-t-elle. Face à cet argument, l’université de Rennes 1 se veut rassurante: «Il n’y a pas de logiciel espion ou autre à installer sur son ordinateur. Le sujet de la protection des données est très important pour nous. Si le logiciel ne la respectait pas, nous ne l’utiliserions pas», souligne Caroline Tahar, directrice déléguée à la formation, à l’innovation pédagogique et au numérique à l’IGR. Avant d’ajouter: «Nous enverrons un formulaire de consentement aux étudiants, dans lequel ils trouveront toutes les informations concernant Managexam. Les données ne seront visibles que par l’université, et ce temporairement.» Rennes 1 ne sera pas la première à utiliser ce logiciel. L’université de Caen a déjà fait appel aux services de Managexam pour de précédentes sessions d’examen.