Education / France – Université : bras de fer entre la direction de Paris 1 et l’Unef qui réclame la «moyenne pour tous»
L’Unef réclame la moyenne améliorable pour tous aux examens organisés à distance. Si le tribunal administratif leur a donné raison, pour le ministère de l’Enseignement supérieur, ce serait dévaloriser les diplômes. Menés par l’Unef, syndicat classé à gauche, les étudiants de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne ont entamé un bras de fer avec la direction et le ministère de l’Enseignement supérieur. L’enjeu? Obtenir «la moyenne améliorable pour tous». La Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU) composée d’étudiants et d’enseignants, avait validé cette mesure. Mais 85 enseignants et directeurs d’UFR l’ont contestée devant le tribunal administratif de Paris, lequel a validé la décision. Frédérique Vidal a répondu le 20 mai via un communiqué qu’elle appuierait les enseignants qui se pourvoiraient en cassation devant le Conseil d’État. Pour la ministre de l’Enseignement supérieur, «cette délibération porte une atteinte directe à la qualité des diplômes délivrés par l’université et ce faisant, à l’avenir de ses étudiants qui souhaitent préserver la valeur de leur formation». L’Unef, à l’origine de cette mesure, se montre pour sa part, satisfaite de la décision du tribunal administratif. Pour son vice-président Majdi Chaarana, «c’est une première victoire par le référé, mais il faut rester attentif car il y aura probablement d’autres décisions». Il s’étonne par ailleurs de l’attitude du ministère: «Que la ministre intervienne sur le sujet n’est pas étonnant, mais ce qui l’est c’est que nous l’interpellons pour des mesures urgentes et sa réponse est de déléguer le problème aux universités». Et d’ajouter:«Si nous réclamons cette mesure, c’est pour éviter un échec de masse, et éviter les inégalités, notamment pour les étudiants n’ayant pas accès à un ordinateur ou à internet». Parmi les organisations étudiantes représentées au sein de la CFVU de Paris 1, l’Uni et la Cocarde étudiante, syndicats classés à droite, se sont fermement opposés à cette décision. «Déjà, sur le fond c’est illégal. Si les enseignants mettent automatiquement la moyenne, le travail de l’étudiant n’est pas correctement évalué, c’est un nivellement par le bas. D’un point de vue pragmatique, cela participe à la dégradation de la qualité du diplôme», proteste Jacques Smith, délégué national de l’Uni. Ces deux syndicats saluent la prise de position de la ministre de l’Enseignement supérieur, comme l’explique Romain Jestin, responsable de la Cocarde étudiante à Paris 1: «Lors des assemblées, nous avons voté contre cette réforme, donc nous sommes bien sûr très satisfaits que la ministre prenne position. Mais, il y a un problème de délai qui se pose. L’année devait se terminer fin mai, et tout cela ne fait que retarder la fin de l’année scolaire pour les étudiants». «Je veux essayer de sauver ce qui doit être sauvé dans l’immédiat, la pertinence et la qualité des diplômes et des évaluations, même en ces temps de crise et de souffrance» Pour le président de l’université Paris 1, Georges Haddad, «la question la plus importante aujourd’hui et pour l’avenir concerne le lien de confiance qui unit enseignants et étudiants dans les universités françaises. La dégradation est réelle et cette crise le révèle avec plus de réalisme et d’acuité surtout dans certaines disciplines. Cela constitue un défi majeur pour l’enseignement supérieur public français». Et de conclure: «Je veux essayer de sauver ce qui doit être sauvé dans l’immédiat, la pertinence et la qualité des diplômes et des évaluations, même en ces temps de crise et de souffrance».