Education / France : Des pétitions de professeurs demandent l’annulation de l’oral du bac de français
L’oral de français est la seule épreuve du baccalauréat maintenue cette année. Un enseignant a écrit une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer, et des pétitions circulent sur Internet. «L’honneur que vous faites aux élèves de première, candidats à l’oral du bac de français, à leurs enseignants et à leurs familles, d’avoir maintenu cette seule épreuve entre tous les examens connus, dans les conditions sanitaires que nous connaissons, est devenue une source d’angoisse inutile», écrit-il. Pour lui, l’idée de maintenir l’épreuve laisserait transparaître de nombreuses inégalités entre les candidats, «entre ceux qui ont bénéficié d’un suivi pédagogique efficace, et les autres, ceux notamment touchés par le deuil ou la précarité». «L’équité ne pourra être assurée», ajoute-t-il. Ce dimanche 24 mai, ce professeur agrégé de lettres a pris sa plume pour écrire une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer et au Figaro Etudiant demandant l’annulation l’oral du bac de français. Il fait partie des nombreux professeurs de français montés au créneau. À ce jour, l’oral du bac de français est la seule épreuve rescapée de la crise du coronavirus qui a vu annuler tous les examens du bac 2020. Certes, le nombre de textes à étudier a été réduit à 15 pour les filières générales, et à 12 pour les filières technologiques. Mais l’inquiétude demeure. Le ministre de l’Éducation nationale doit d’ailleurs s’exprimer cette semaine afin de confirmer si cette épreuve pourra se tenir ou non. En attendant, lettres ouvertes et pétitions émanant d’élèves ou d’enseignants fleurissent pour demander son annulation. Des questions sanitaires Ainsi, pour le collectif de professeurs «Lettres vives», le maintien de l’épreuve orale pose des questions sanitaires. «Essayons de visualiser à quoi pourrait ressembler un tel oral à des mètres de distance entre un candidat et un professeur masqués: une scène à la Ionesco. Sans parler des bordereaux à échanger, des poignées de portes communes, et de tout autre geste, source potentielle de propagation du péril sanitaire», explique le collectif dans une lettre ouverte au premier ministre Édouard Philippe. Celle-ci fait notamment écho à une pétition rédigée par des professeurs de lettres début avril, demandant l’annulation de l’épreuve orale de français: «Nous demandons au ministre de renoncer à ces épreuves (…), afin de ne pas laisser perdurer l’incertitude et l’anxiété les enseignants, les élèves et leurs familles». À l’heure actuelle, plus de 86.000 personnes l’ont signée. Une épreuve mal préparée Outre le risque sanitaire, cette lettre envoyée au Figaro insiste sur le manque de préparation. «Cette épreuve a été mal préparée par vos experts. La situation sanitaire inédite n’a fait que cristalliser les difficultés rencontrées», considère l’enseignant. Avant d’ajouter: «Toute l’année, les ajustements se sont succédé. Tout d’abord quant à la question de grammaire, mal définie. Quant au carnet de lectures ensuite, qui a mobilisé beaucoup d’énergie pour s’avérer parfaitement inutile pour l’examen. Cette épreuve repose désormais pour les deux parties principales sur du par cœur.» Un avis partagé par les professeurs du collectif «Lettres vives», qui estime que la scolarité des élèves de première a été suffisamment perturbée cette année. «À ces problèmes pratiques s’ajoute l’état psychologique de nos élèves de première qui, outre les angoisses du confinement et celles d’une telle épreuve, ont déjà été plus qu’éprouvés cette année par la réforme et les épisodes chaotiques des E3C», notent-ils. Ajouter deux points à la moyenne Même son de cloche pour le professeur auteur de cette lettre ouverte. Pour lui, les élèves de première ont suffisamment essuyé les plâtres cette année. «Avec la réforme du bac et le Covid-19, ils en ont vu de toutes les couleurs», indique-t-il au Figaro Étudiant. Selon lui, les lycéens doivent donc se focaliser sur leur année de terminale. «Ménageons-les. Envoyer ces élèves à l’épreuve est bien pire que de l’annuler. Il s’agit ici non pas de popularité, mais de responsabilité», précise sa lettre. En cas d’annulation de l’épreuve, cet enseignant a réfléchi aux modalités de notation de l’oral de français du baccalauréat: «En ajoutant deux points à la moyenne des élèves du premier et second semestres, qui inclut les résultats d’écrit ordinairement plus secs, nous obtiendrons les notes que les élèves auraient à l’épreuve.» D’autres pétitions et lettres ouvertes de professeurs de français mais aussi d’élèves de première continuent de fleurir sur internet, en attendant la décision du gouvernement.