Côte d'Ivoire : Allah Saint Clair : « La FESCI propose la mise en vacances anticipée des élèves en classes intermédiaires »
La décision de fermeture des établissements scolaires prise le 16 mars dernier par le Conseil National de Sécurité (CNS) pour freiner la propagation de la pandémie du Coronavirus, les conditions de vie des étudiants dans les cités, la décision du ministère de l’éducation nationale d’instaurer l’enseignement en ligne, ont été eu menu d’un entretien accordé à KOACI, par le secrétaire général de la Fédération Ivoirienne Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) , Allah Saint Clair dit Makélélé Ci-dessous l’intégralité de cette interview réalisée via internet. KOACI : Après la fermeture des salles de classes et des amphis à cause du coronavirus, le 17 mars 2020, le Conseil des ministres d’hier 15 avril a prorogé leur réouverture au 17 mai prochain. Comment entrevoyez-vous l’année académique 2019-2020 ? Allah Saint Clair : Nous entrevoyons l’année 2019-2020 avec beaucoup d’inquiétude. En effet, l’année académique court allègrement à sa fin pendant que la pandémie ne régresse pas. Bien au contraire, elle se propage un peu plus malheureusement chaque jour dans notre pays ; obligeant les autorités à renforcer les mesures prises pour la combattre. D’ailleurs, le conseil des ministres d’hier mercredi 15 avril 2020 à proroger la fermeture des écoles du 17 avril au 17 mai 2020. Vous comprendrez donc que nous entrevoyions avec énormément d’inquiétudes cette année académique. Cependant, nous convenons avec madame la Ministre de l’Education Nationale que l’année blanche n’est pas envisageable aussi bien pour le secondaire que pour le supérieur. D’ailleurs, c’est le lieu pour nous d’interpeller le Ministère de l’enseignement supérieur qui semble faire la fine bouche sur ses solutions pour sauver l’année académique universitaire. KOACI : Le ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement technique a lancé, dernièrement, «l’école à la maison» afin de sauver cette année académique. Votre commentaire. A.S.C : Nous comprenons et saluons la volonté de madame la Ministre de tout mettre en œuvre pour sauver l’année académique, mais nous restons tout de même quelque peu sceptique quant au caractère réaliste de cette solution. En effet, à l’occasion de la conférence des ministres du Vendredi 3 avril 2020, madame la Ministre de l’Education Nationale a informé l’opinion ivoirienne qu’afin d’accompagner les élèves qui doivent rester à la maison, le MENET a entrepris de mettre en ligne chaque jour, des cours, dispensés par des enseignants dudit ministère, dans le cadre de la continuité pédagogique, du lundi au vendredi, pour leur permettre de réviser et de poursuivre les programmes. Madame la Ministre a ajouté que ces cours sont accessibles, gratuitement, en ligne, par SMS, à la télévision et à la Radio et concernaient pour l’instant les élèves en classe d’examen. Les classes intermédiaires devant être prises en compte progressivement. Pour la FESCI, si l’on peut comprendre que cette solution soit relativement compréhensible dans le cadre des révisions des cours déjà dispensés normalement aux élèves, elle est tout aussi incompréhensible pour ce qui est de la poursuite des programmes par la dispensation de nouveaux cours. Dans la mesure où elle souffrirait gravement de l’interaction élèves-enseignants (questions-réponses) nécessaire à la compréhension des cours par les élèves. De même, si l’accès aux cours en ligne, par SMS, à la télé et à la Radio semble aisé pour les élèves en zone urbaine où ces moyens de dispensation sont relativement à leur portée, il en va tout autrement pour les élèves se trouvant en zone rurale où ces moyens sont difficilement accessibles (manque de connexion internet, de télévision et de Radio et et absence d’électricité dans bon nombre de nos villages, etc.). Enfin, il nous revient avec insistance qu’il est demandé aux élèves de s’acquitter d’un frais de souscription s’élevant à 9.900 FCFA. Ce qui est totalement inadmissible quand on sait que nos camarades sont à jour de leur inscription et droits d’examen. Alors, la FESCI propose la mise en vacances anticipée des élèves en classes intermédiaires en calculant leur moyenne de passage en classe supérieure avec les notes obtenues en contrôle continu jusqu’à la date de fermeture des établissements (à partir du 16 Mars 2020). KOACI : Alors, que proposez-vous ? A.S.C : Pour ce qui est des classes d’examen, trois hypothèses sont envisageables quoique le gouvernement semble avoir déjà fait son choix. 1ère hypothèse : Maintenir les examens comme prévu par le gouvernement. Ce scénario est optimiste mais relativement incertain au regard de l’incertitude qui plane sur la fin de cette crise sanitaire. A quand la fin de la crise ? Dans quelles conditions, l’Etat peut-il garantir, à la fois en termes sanitaires et logistiques, la bonne tenue des examens si la pandémie se poursuit ? Serait-il possible d’avoir un consensus sur le mode d’évaluation ? Quoiqu’il en soit, le gouvernement doit d’ores et déjà réunir tous les moyens et précautions pour l’organisation de ces examens. Par exemple, les élèves en classe d’examen pourraient être repartis dans les salles de classe libérées tout en respectant la distance sociale et autres mesures barrières préconisées afin de poursuivre le programme scolaire jusqu’à la date des examens. 2ème hypothèse : Prendre en compte uniquement les notes de classe. En Angleterre, au Pays-Bas et dans d’autres pays, les épreuves finales ont été annulées. Désormais, il s’agit d’une prise en compte uniquement du contrôle continu des élèves en classes d’examen. Mais la question qui mérite d’être posée est la suivante : que deviendraient-ils les candidats libres qui sont en des situations très différentes et représentant une proportion non négligeable des candidats ? Ce scénario ne semble pas possible dans notre pays au regard de son système éducatif. 3ème hypothèse : Des épreuves allégées La fermeture sur une longue période des établissements met de nombreux candidats en difficulté. Pour éviter de défavoriser les élèves sur l’ensemble du territoire, les épreuves pourraient n’avoir lieu que sur une partie du programme (pré coronavirus : avant la fermeture des classes). Ce scénario peut être envisagé pour notre pays afin de sauver l’année scolaire face à la crise sanitaire du coronavirus. Il convient de rappeler que cette crise sanitaire vient s’ajouter aux grèves dans le secteur de l’éducation qui ont déjà entraîné la fermeture des classes et/ou le ralentissement des cours. Dans ces conditions, quelle valeur attribuera-t-on aux diplômes obtenus dans un tel contexte ? A situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles, une volonté politique et des sacrifices exceptionnels de tous les acteurs du système éducatif pour sauver l’année 2019-2020. KOACI : Plusieurs milliers d’étudiants sont confinés dans les cités universitaires à ce jour. Dans quelles conditions vivent-ils cette crise sanitaire?