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BAC_FRANCE /Les lacunes des bacheliers 2020 inquiètent les professeurs d’université

Le taux d’échec étant déjà très élevé en licence, les professeurs des universités sont inquiets de l’arrivée des nouveaux bacheliers dont le niveau scolaire n’a pu que chuter davantage. Le taux de réussite des bacheliers, 91,5 % avant rattrapages, affole les écoles et universités qui devront accueillir ces jeunes. Les étudiants auront-ils le niveau suffisant pour réussir leurs études? «Il y en a qui, si le contexte actuel que nous connaissons n’avait pas eu lieu, n’auraient pas eu le bac. Et une partie de ceux qui vont arriver en licence n’auront pas le niveau», reconnaît volontiers Guillaume Gellé, président de l’université de Reims. En 2018, les étudiants étaient plus de la moitié (56 %) à échouer en première année de licence. Ils n’ont été que 30 % à réussir leur licence en trois ans, selon les services statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur. Et si ce chiffre est un peu plus élevé pour les bacs généraux (36,8 %), il reste très faible pour les bacheliers technologiques (7,7 %), et pires en bac pro (2,4%). «Ce chiffre a peut-être évolué depuis, mais on reste sur une proportion massive d’échecs», affirme Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (Snalc). « Ce qui est inquiétant, c’est que la crise leur a certainement fait perdre un rythme scolaire » La situation pourrait s’agraver en 2020-2021. Aux étudiants qui ont obtenu un «oui, si» de Parcoursup, ce qui les oblige en temps normal à suivre une remise à niveau, il faudra «proposer des solutions en plus pour les accompagner», explique Guillaume Gellé. Tutorat, personnalisation de parcours... «Il y a des solutions plus personnalisées pour les étudiants en difficulté. Cette année, il faudra être très attentif. Mais nous avons besoin de moyens. Je réfléchis à mobiliser des étudiants pour les aider.» Les universités s’alarment face à l’afflux massif d’étudiants à la rentrée Pour Jean-Pierre Grill, enseignant chercheur à l‘Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), toute la difficulté réside dans la capacité des futurs étudiants de première année à maintenir «une bonne méthodologie de travail». «Avant la crise déjà, on se retrouvait avec des étudiants qu’il fallait un peu fliquer, comme au lycée. Ils rentraient de deux mois de vacances, certains avaient l’impression que décrocher le bac, c’était le Graal et qu’ils pouvaient désormais se lâcher», remarque-t-il. «Ce qui est inquiétant, c’est que la crise de ces derniers mois leur a certainement fait perdre un rythme scolaire». « Il y a, en temps normal, énormément d’absentéisme en première année. Alors, après deux mois de confinement et l’été... » Une crainte que partage Mathieu Avanzi, maître de conférences en linguistique française à Sorbonne Université. «Nous redoutons que certains étudiants aient complètement décroché, après avoir perdu l’habitude de suivre un calendrier», reconnaît-il. «Des choses bêtes qui ont toute leur importance comme se lever le matin à 8 heures pour aller en cours. Déjà, en temps normal, il y a énormément d’absentéisme en première année de licence. Alors, après deux mois de confinement et l’été...» C’est d’autant plus vrai qu’il y a «certaines licences qui servent de délestage des bacheliers qu’on n’a pas su mettre ailleurs», affirme Jean-Rémi Girard. «Prenons la licence de lettres: on n’y trouve uniquement des littéraires. Il y a aussi une bonne proportion de bacheliers professionnels qui avaient peut-être de bonnes notes en français au lycée mais qui ne correspondent pas du tout aux attentes d’une licence de lettres», estime le président du Snalc. «Il en va de même pour une licence de langues.» « C’est très bien d’avoir une mention mais ça ne garantit pas la réussite dans les études supérieures » Chaque année, assure Jean-Rémi Girard, les étudiants souffrent en première année de licence 1. «De ce point de vue là, 2020 ne présente pas une différence de nature. On constate un échec assez massif dans l’enseignement supérieur en temps normal», rapporte-t-il avant de préciser que derrière ces échecs, il y a des réorientations, des départs pour motif non scolaire. «C’est vrai qu’on observe chez les étudiants en première année une baisse de niveau notamment en expression écrite, et un déficit dans les savoirs fondamentaux», renchérit Eric Laurent, maître de conférences en psychologie cognitive à l’Université de Franche-Comté. «Les étudiants ont une image erronée de la psychologie. Ils ne se rendent pas toujours compte de l’aspect scientifique de la discipline. Le problème risque de s’amplifier pour les étudiants qui sont extrêmement limites et qui sont peut-être passés grâce au dispositif, plus clément, de cette année.» «Ma flemme a fini par payer»: ces lycéens qui s’étonnent de leurs bonnes notes au bac «Ce n’est en tout cas pas cette année que nous observerons qu’exceptionnellement, les élèves ont du mal. On risque simplement, cette fois, d’en avoir davantage», rétorque Jean-Rémi Girard. Aux lycéens qui, ayant obtenu une mention peut-être trop généreusement distribuée, se croiraient meilleurs que ce qu’ils ne sont en réalité, le président de la Snalc assure que «l’illusion va se dissiper très vite». «C’est très bien d’avoir une mention mais ça ne garantit pas la réussite dans les études supérieures.» L’explosion des mentions, conclut-il, est un phénomène observé depuis une quinzaine d’années. «Le fait d’avoir le bac sans mention est même minoritaire.» En 2019, seuls 38,6 % des bacheliers généraux n’ont pas obtenu de mention au bac, selon une note de la Depp.

Date de publication10/07/2020

Sourceetudiant.lefigaro.fr

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